30 kg, c’est la quantité moyenne de nourriture jetée par an par un ménage à Strasbourg.

Dans une logique de réduction des déchets et pour favoriser une économie circulaire, de jeunes pousses – entreprises ou associations – se sont lancées dans la prévention du gaspillage alimentaire. A l’occasion de la semaine européenne de réduction des déchets qui se tient du 20 au 28 novembre, nous vous proposons de découvrir 3 acteurs strasbourgeois qui considèrent que le meilleur déchet est celui que l’on ne produit pas.

Des acteurs engagées à Strasbourg

Strasbourg est un territoire de développement économique durable. La preuve avec ces 3 acteurs engagés, des entreprises et une association portés par des jeunes dirigeant-e-s de moins de 35 ans. Ils se démarquent de leur aîné-e-s en plaçant l’environnement en tête de leurs préoccupations, sont plus sensibles aux enjeux du développement durable et poursuivent une volonté de consommer mieux.

Basée sur le cycle de vie, le modèle économique de ces acteurs privilégie l’économie circulaire, la valorisation et la réintégration de composants ou de déchets dans de nouveaux produits pour créer un nouveau cycle de vie. On vous emmène ?

_ Green Phoenix
Alors que 90 % des biodéchets produits en France par les particuliers et les entreprises ne sont pas valorisés, 5 ami-e-s étudiant-e-s entrepreneurs issu-e-s de différentes composantes de l’Université de Strasbourg ont décidé d’agir. Ensemble, iels ont créé la start’up Green Phoenix à Strasbourg. Avec leur vélo-cargo ils sillonnent la ville et donnent rendez-vous aux Strasbourgeois-es sur les marchés hebdomadaires pour collecter leurs biodéchets. En parallèle, des partenariats avec les entreprises ou les commerces permettent la mise en place de points d’apports volontaires fixes notamment dans les communes que composent l’Eurométropole de Strasbourg. Enfin de nombreux acteurs économiques de la ville (commerces, restaurants, fleuristes, boulangers, école…) qui produisent des biodéchets se sont engagés avec Green Phoenix à trier et valoriser des déchets organiques produits par leurs salariés ou inhérents à leur activité. Les déchets collectés participent à un cercle vertueux : ils sont valorisés localement grâce au compostage ou à la méthanisation pour être transformés en compost, en énergie ou en digestat. Le compost est utilisé dans l’agriculture urbaine locale pour alimenter les terres qui vont porter de nouveaux fruits et légumes. L’énergie produite est quant à elle gérée par Gaz de Strasbourg pour alimenter en gaz les ménages Strasbourgeois. La boucle du circuit court est bouclée !

_ Moi moche et bon
En 4 ans, 295 700 kilogrammes de fruits et légumes moches et d’origine France ont été sauvés ! « Moches » signifie non vendables dans les circuits de vente classiques (trop gros, trop petits ou difformes) et représente 15% de la production de fruits et légumes. C’est ainsi que pommes, oranges, carottes, raisins… ont été sauvés du gaspillage alimentaire pour être transformés en « bons » jus artisanaux made in Strasbourg et 100% naturels. De la production à la transformation, tout est fait en France, oui, même les agrumes qui proviennent de Corse. Les produits Moi Moche et Bon sont disponibles dans certains restaurants, bars et cafés Strasbourgeois qui ont engagé une démarche de consommation responsable.

_ Les retoqués
Si la confection de bocaux ou la mise en conserve a été considérée comme un devoir national dans la première moitié du 20è siècle, la technique demeure inchangée. C’est le crédo de l’association Les retoqués, une conserverie créée à Strasbourg qui confectionne confitures, compotes, chutneys et sirops pour éviter le gaspillage alimentaire. Ici ce sont les surproductions de fruits et légumes bio et les produits bio hors calibre qui entrent dans un cercle vertueux de fabrication de conserves. Le circuit court est garanti que ce soit en approvisionnement ou en distribution : les fruits et légumes ont poussé à 20km de Strasbourg et les conserves sont distribuées par l’association ou par les producteurs locaux eux-mêmes. Chaque recette est unique, travaillée avec soin et gourmandise par une équipe de bénévoles passionnées. Et les 8 jeunes femmes qui portent l’association poussent leur passion jusqu’à l’animation d’ateliers de sensibilisation ouverts et accessibles à tous les publics.

Ces trois acteurs strasbourgeois ont en commun la protection de l’environnement, l’économie circulaire locale et le contact humain, des valeurs qui résonnent comme une prise de conscience collective.

La stratégie alimentaire, un projet de territoire à Strasbourg

Cette prise de conscience collective est également portée par la Ville et de l’Eurométropole de Strasbourg qui poursuit une stratégie alimentaire dans laquelle la chasse au gaspillage occupe une place prépondérante.

Reconnue depuis 2017 comme projet alimentaire territorial (PAT) par le Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, Strasbourg obtient une aide de l’Etat via le plan de relance pour financer 13 acteurs pour un montant de 1,3 millions d’euros.

Encore de beaux projets qui vont associer les fonctions écologiques, économiques et sociales pour permettre de développer des offres plus responsables à Strasbourg.

La semaine européenne de réduction des déchets

En France, l’événement est coordonné par l’ADEME.

Son objectif : mettre en lumière les initiatives des collectivités territoriales, des entreprises, des établissements scolaires ou de santé, des particuliers… en faveur de la réduction des déchets. Eh oui, les bonnes pratiques des uns peuvent inspirer les autres et à Strasbourg, vous l’avez vu, les idées ne manquent pas.