Une équipe Strasbourgeoise de chercheurs-euses et de médecins hospitaliers a identifié la signature d’un gène particulièrement présente dans les formes graves.

Seiamak Brahram, professeur d’immunologie à l’Université de Strasbourg et chef de service aux hôpitaux universitaires, et Raphaël Carapito, chercheur au Centre de recherche d’immunologie et d’hématologie, reviennent sur cette découverte.

Comment est née cette recherche ?

Tout est parti d’une question simple : pourquoi certaines personnes atteintes du Covid vont en réanimation et d’autres pas ? Pour éviter d’avoir des facteurs qui interfèrent dans notre étude, nous avons décidé de la mener sur des patients de moins de 50 ans qui ne présentaient pas de facteurs de risques majeurs. Nous avons analysé de nombreux composants du sang de malades hospitalisés qui avaient juste besoin d’oxygène pour les aider à respirer et nous les avons comparés avec celles de patients intubés en réanimation. L’intelligence artificielle développée par l’entreprise américaine Genuity nous a aidés à analyser ces données. C’est un travail collaboratif qui a impliqué plus de 60 scientifiques et médecins, les services de réanimations et de maladies infectieuses des Hôpitaux universitaires et l’Institut pluridisciplinaire Huber-Curien.

Qu’avez-vous découvert ?

Nous avons identifié que la signature du gène Adam9 s’exprimait particulièrement chez les personnes atteintes des formes critiques du Covid. Il pourrait donc faciliter l’entrée du virus dans les cellules. Pour vérifier cette hypothèse, nous avons bloqué ce gène dans des cellules pulmonaires en laboratoire. Ces cellules s’infectaient effectivement moins que les autres.

Quelles pistes explorez-vous maintenant ?

Un traitement contre le cancer, actuellement en phase d’essais cliniques, utilise des anticorps pour bloquer Adam9. Il serait donc possible de développer, sur cette base, une thérapie contre le Covid. Nous souhaitons refaire ce travail avec des patients infectés par d’autres variants du Covid, Delta, Omicron et ceux à venir.

Propos recueillis par Léa Davy

Article paru dans le N° 33 de janvier – février 2022 de l’Eurométropole Magazine

Photo : Raphaël Carapito (à droite) et Seiamak Bahram
font partie des 60 scientifiques qui ont collaboré sur cette recherche

Crédit photo :  Jean-François Badias